Ayant eu la chance de jouer très tôt sur un instrument d’exceptionnelle qualité, j’ai développé une sensibilité pour la qualité du son en tant qu’interprète et fabricant. Comme luthier, je cherche à fabriquer un instrument qui chante dans toutes les plages dynamiques. Les qualités ciblées sont le timbre (gras, profond, généreux), la longueur de son, l’équilibre et la facilité de jeu (réponse aux timbres, immédiateté).
En collaboration avec un ingénieur, j’ai mis au point un instrument de mesure informatisé qui me permet de discriminer les bois qui entreront dans la fabrication, en fonction de critères mécaniques (module de Young ou d’élasticité) et acoustiques (facteur Q ou amortissement du son dans le matériau). Cet appareil sert aussi à mesurer la déflexion des composantes tels les barrages, chevalet, manche. Il permet même d’ajuster certains paramètres en cours de construction, avant de fermer l’instrument.
Cette approche « scientifique » m’est utile principalement pour documenter chacun des instruments qui sortent de l’atelier et surtout pour assurer une constance dans la qualité. Le premier élan est bien sûr motivé par l’instinct, le toucher du bois, son écoute. La technologie vient ensuite épauler une démarche fondée sur l’expérience et l’intuition.
Les bois choisis pour la table (épicéa européen ou Engelmann et cèdre rouge de l’Ouest) sont de la plus grande qualité. Je préconise le palissandre des Indes pour le fond et les éclisses, car il possède d’excellentes propriétés acoustiques et qu’il produit des pièces parfaitement sur quartier et dont le grain est droit, donc plus stable. J’ai également obtenu de bons résultats avec de l’érable et du palissandre de Madagascar. Le manche est en acajou sud-américain, parfois renforcé par une tige de graphite qui se prolonge dans la tête et qui est cachée par la touche d’ébène (aucun ajustement n’est nécessaire par la suite).
Les clés fournies sont des Scheller (Allemagne) ou des Rodgers (Canada).